C’est un sélectionneur ivoirien complètement dévasté qui s’est présenté en conférence de presse après l’humiliation infligée aux Eléphants par la Guinée Equatoriale (4-0) ce lundi à l’occasion des derniers matchs de poule dans le groupe A de la CAN 2023. Tout en évoquant la tristesse de son équipe après cette débacle, Jean-Louis Gasset dit porter l’entière responsabilité de ce qui s’est passé. C’était au micro de Dounia Mesli, envoyé spécial d’Africa Top Sports à Abidjan.
Journaliste: Monsieur Jean-Louis Gasset, après cette cuisante défaite de la Côte d’Ivoire, comment voyez-vous le scénario ? mathématiquement, est-ce encore possible, en fonction des résultats des autres ?
Jean-Louis Gasset : Tout d’abord, parlons des matchs. Dans la vie, il y a parfois des matchs qui tournent au cauchemar, des matchs où tout semble lié. On prend un but en première mi-temps sur la seule occasion de l’adversaire, alors que nous avions la maîtrise du jeu, nous avions des opportunités, c’est déjà un peu dur. En deuxième mi-temps, le même scénario, on est dominateur où les adversaires, les occasions se présentent à moi, et c’est finalement l’adversaire qui marque. On appelle ça le scénario catastrophe. Nous avons trois points, parce qu’on a gagné un match. Et comme les quatre meilleurs troisièmes sont qualifiés, on va espérer. On attend les résultats des autres.
Coach, en première mi-temps, vos joueurs ont eu les plus grosses occasions, mais ont manqué de réalisme et ont été attentistes, surtout sur le but équato-guinéen. En deuxième mi-temps on a vu des changements, vos joueurs étaient devant l’adversaire et frappaient rapidement au but. C’est ce qui a fait aussi défaut en première mi-temps pour revenir dans le match, mais cela n’a pas suffi avec deux buts invalidés pour vous aussi, sur hors-jeu. Donc vos joueurs aussi ont mal joué ces coups là, ils étaient trop haut sur le terrain, ils se sont fait avoir sur tous les buts. Est-ce que vos joueurs ont tout donné, notamment sur les deux derniers matchs, au niveau du jeu et dans la finition devant le but surtout coach ?
Dans la finition déjà, on a un problème d’efficacité. Contre le Nigeria, on se disait que si on avait ouvert le score en première mi-temps, ce n’était pas le même match. Aujourd’hui, c’est le même discours. En 180 minutes, nous n’avons pas marqué de but, et pourtant nous avons essayé de mettre encore plus d’attaquants pour revenir au score. Même si nous avions marqué, nous aurions dit qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas.
Qu’est-ce qui n’a vraiment pas fonctionné avec vos joueurs sur le terrain ? Pouvez-vous nous dire quel élément clé, outre l’inefficacité, a conduit à la performance que nous avons constatée sur le terrain de la part de vos attaquants et de vos défenseurs également ?
C’est une question difficile. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec les joueurs ? Je ne pense pas que ce soit l’état d’esprit. Quand je vois les joueurs pleurer dans le vestiaire, ça me fait mal. Quand vous êtes manager d’une équipe, c’est vous qui leur confiez la responsabilité de faire l’équipe, de faire les changements. Les joueurs essaient. Nous avons essayé, nous avons essayé. Je pense que nous avons tout essayé. Je les ai trouvés très fatigués. Quand on a un scénario comme celui-là, qui est à la limite du cauchemar, il n’y a pas grand-chose à dire ou à faire.
On vous a vu contre le Nigeria, bloc bas, vous avez pris un but, vous n’avez pas pu revenir. Ce soir également, on vous laisse la possession, bloc bas de la Guinée Equatoriale, et c’est le naufrage. Est-ce que ce soir vous vous sentez dans la peau d’un coupable ou avez-vous l’impression d’avoir tout donné ?
Obligatoirement vous vous sentez coupable et responsable. Lorsque vous êtes entraîneur d’un club ou d’une équipe nationale, vous êtes responsable des résultats. Aujourd’hui, le résultat a été catastrophique. Alors bien sûr, je suis le premier à être responsable.
Vous avez évoqué des joueurs qui étaient en larmes dans les vestiaires. Mais, coach, peut-être que mentalement, ils n’étaient pas les joueurs qu’il fallait parce qu’on n’a pas vu qu’il s’agissait de vrais guerriers parce qu’après le deuxième but encaissé, ils avaient baissé les bras. Peut-être qu’ils n’étaient pas les joueurs qu’il fallait.
C’est vrai que j’ai senti que le deuxième but était un coup de massue. Mais ils étaient tellement impatients, tellement motivés. C’est à ce moment-là qu’on a essayé de faire des changements offensifs. Ce qui n’était peut-être pas une bonne idée parce que pour moi, le but était de réduire le score pour améliorer la différence de but. Mais la Côte d’Ivoire a de bons joueurs, motivés. mais peut-être que la pression était forte pour eux.