James Olufade retrouve le sourire. Après deux années difficiles marquées par la rupture de son contrat avec Manama (D1 Bahreïn) et son absence en sélection nationale, l’ancien latéral gauche de l’Union de Douala (D1 Cameroun) rejoue désormais régulièrement. Celui qui s’est engagé en août 2023 pour une saison en faveur d’Al Shabab du Bahreïn après un retour de quelques mois dans le championnat togolais a accordé une interview exclusive à Africa Top Sports. Difficultés, retour en compétition et rêve d’un retour chez les Eperviers, le joueur de 29 ans nous fait des confidences.
Africa Top Sports : Pour démarrer cette interview, nous allons évoquer votre actualité. Votre formation, Al Shabab club disputait la finale de la Coupe de la fédération au Bahreïn le weekend dernier. Une finale perdue 0-1. Une déception certainement ?
Ce qu’on retient de cette finale c’est qu’on a essayé de donner le meilleur de nous-mêmes. Mais, comme on le dit, ce n’était pas notre jour. On a fait tout ce qu’on pouvait, sans succès. C’est une finale. Forcément il doit avoir un perdant et un gagnant. Cette fois, nous sommes du coté des perdants. On accepte et on avance.
ATS : Qu’est-ce que cette coupe aurait pu représenter pour vous personnellement et pour la saison de votre club ?
Personnellement, ça aurait été un bon moment. Parce que j’avais traversé les moments difficiles au moment où j’étais au Togo. Je suis revenu ici (au Bahreïn, ndlr) avec ce club. Par la suite j’ai commencé une nouvelle saison. Je peux dire que j’ai eu l’impression d’avoir tout recommencé alors que j’avais déjà joué ici au Bahreïn. Effectivement, si nous avions remporté cette coupe, elle aurait signifié beaucoup de choses pour moi.
On a une très bonne équipe. Mais en championnat ça ne donne pas de bons résultats comme on veut, pour le moment bien-sûr. Je pense que cette coupe devait nous donner beaucoup de motivation pour le reste de la saison en championnat.
ATS : C’est vrai qu’il y a la déception à l’issue de cet échec, mais sur le court terme, la prochaine étape sera laquelle ? Quel sera le prochain objectif que vous visez surtout qu’en championnat votre club est avant-dernier au classement à la mi-saison ?
On reste focus sur le championnat. Présentement, c’est la seule compétition dans laquelle nous somme encore en jeu. Et en termes de résultats, aujourd’hui si on arrête le championnat, notre club est en deuxième division. Nous sommes donc obligés de nous concentrer sur le championnat, gagner des matches pour remonter au classement.
ATS : Sur vos performances personnelles, est-ce que vous pensez être au mieux de votre forme, malgré les résultats mitigés du club en championnat ?
Vu la saison passée et ce que je produis aujourd’hui comme prestation, je ne dirai pas que je suis très satisfait, parce que j’ai encore besoin de faire beaucoup plus et je sais que j’en suis capable. Mais pour le moment, je suis heureux de ce que je fais. Je joue presque tous les matches. J’ai manqué un seul match pour cumule de cartons jaunes en championnat. C’est déjà très positif vu d’où je viens.
ATS : Vous avez parlé des difficultés rencontrées dans vos précédentes saisons, vous étiez même obligés de retourner au pays pour vous relancer. Est-ce que vous pouvez nous évoquer cet épisode, comment avez-vous pu gérer cette situation surtout mentalement ?
Ce n’était pas une épisode facile. Parce que j’avais signé trois ans avec Manama (D1 Bahreïn, ndlr) en 2020. J’ai fait deux saisons et après, le coach décide de ne plus avoir de joueur étranger à mon poste de latéral gauche. Une décision qui n’a pas été facile à accepter. Mais après, je me suis dit que c’est la vie. Tout peut arriver, et ça peut être aussi un nouveau départ pour moi. J’ai accepté. Il fallait que je rentre au Togo, je suis rentré. J’ai continué à travailler dur, parce que pour moi, ce n’est que par le travail que je peux arriver à mes fins.
ATS : D’abord je dois vraiment dire merci à ma famille qui m’a tellement soutenu dans ces moments. Ensuite les proches, les amis je tiens vraiment à les remercier parce que ce n’était pas facile et je ne pense pas que sans eux j’aurai réussi à relever la tête.
En ce moment le championnat du Togo était à la phase aller au Togo et je n’avais pas en tête de jouer le championnat togolais. Pour moi, l’objectif était de retrouver une opportunité rapidement pour repartir dans un autre championnat.
ATS : Et finalement, la décision de jouer au pays, comment vous est-elle venue ?
Cette décision vient tout d’abord de mes propres réflexions. Parce que c’est vrai que je m’entrainais beaucoup et avec rigueur, mais sans compétition ça ne devait pas m’aider pour le futur. En ce moment où j’étais en pleine réflexion, j’ai été approché par le coach Ametokodo Messan King. Il m’a fait la proposition de jouer pour le club AS OTR (D1 Togolaise, ndlr) dont il est l’entraineur. Accepter cette proposition n’a pas été facile pour moi. Parce que ce n’était en réalité pas mon objectif. Mais après j’ai décidé de me lancer et mettre à profit la phase retour pour être en jambe et justifier aussi de mon activité.
ATS : Quelle leçon retenez-vous de ce retour dans le championnat togolais ?
C’est un championnat qui n’est pas mal. Mais il faut vraiment que nos dirigeants s’y mettent beaucoup plus pour que ce soit un championnat mieux suivi dans les autres pays, un championnat mieux respecté. Parce qu’il faut reconnaitre que ce championnat manque de visibilité. On peut dire aujourd’hui merci à New world Sports qui diffuse certains matches. Mais ce n’est pas encore suffisant. Il y a de très bons joueurs dans le championnat qui méritent d’être mis en lumière.
ATS : Le moral reste un aspect important dans le football, comment est-ce que vous réussissez à tenir dans ces moments difficiles, quand vous n’avez pas de club, des difficultés d’avoir de temps de jeu en club ou encore quand l’avenir est incertain ?
Chacun a sa façon de gérer ces moments difficiles. Mais personnellement je me mets juste au travail. Je travaille dur. Quand je traverse ces moments difficiles, ce qui ne me fait pas trop penser, c’est le travail. Là où je suis beaucoup plus touché, c’est quand j’ai une blessure. Car je ne peux pas travailler en salle et sur le terrain pour occuper mes esprits. Mais Dieu merci, en ce moment, ce n’était pas le cas.
ATS : Après votre retour au pays, vous n’avez plus d’autres options que de retourner dans le championnat du Bahreïn ?
Pour être vraiment honnête, j’ai juste sauté sur l’opportunité qui m’a été offerte. Parce que pour moi en ce moment, l’objectif principal c’était de relancer ma carrière à l’être vraiment honnête, j’ai juste sauté sur l’opportunité qui m’a été offerte. Parce que pour moi en ce moment, l’objectif principal c’était de relancer ma carrière à l’international. Je n’avais concrètement pas d’autres offres, donc pourquoi ne pas sauter sur la seule qui s’est présentée ?
ATS : Dans ces moments difficiles, il y a eu également l’absence en sélection. Votre dernière sélection dans la liste du Togo remonte à septembre 2021, comment avez-vous vécu cet épisode ?
Sincèrement si on me sélectionne c’est bien, je serai présent. Parce que je sais qu’aujourd’hui je suis prêt à défendre les couleurs de l’équipe. Je reste disponible. Mais si ça ne vient pas aujourd’hui, ça ne veut pas dire que je n’ai plus mes chances.
Je crois en mon travail, je crois en tout ce que je fais. Je crois en Dieu et je sais que son moment est meilleur. Je vais continuer à travailler et à être performant en club. Grâce à ma détermination, un jour je ferai mon retour en sélection. Mais je me concentre beaucoup sur le club, sur mes performances.
ATS : Le Togo a manqué les trois dernière Coupes d’Afrique des Nations (CAN), qu’est-ce que ça vous fait de suivre cette compétition sans votre pays ?
Ça fait mal, mais je pense que cette situation nous permet de reconstruire une équipe solide. Parce que cette compétition, surtout la dernière en Côte d’Ivoire nous a montré que si vous n’avez pas une équipe solide, vous ne pouvez pas passer, même pas réussir les matches de poules. J’ai la ferme conviction que dès qu’on réussira à se qualifier pour une CAN, on sera vraiment reparti.
« Ce qui me rend fier, c’est que ça avance »
ATS : Puisque vous parlez de reconstruction, est-ce que vous vous alignez dans le rang de ceux qui sont optimiste par rapport au travail qui est en train d’être fait par le sélectionneur actuel ?
Bien-sûr, parce que si on voit les performances passées de l’équipe et celles aujourd’hui, il y a une très grande différence. Je suis vraiment content du boulot du sélectionneur et de son staff. Je sais qu’il y a encore beaucoup de choses à améliorer, mais ce qui me rend fier, c’est que ça avance.
ATS : Sur votre carrière personnelle, y a-t-il des athlètes qui vous inspirent ?
Bien-sur ! Il y a beaucoup d’athlètes qui m’inspirent. Quand leur équipe a match, j’essaye de tout faire pour suivre. Je garde un très grand amour pour Benjamin Mendy. Il a traversé des moments difficiles, mais pour moi, il reste toujours quelqu’un que je vais suivre. Chaque temps je suis ses vidéos, ses performances. Il serait très loin aujourd’hui s’il n’avait pas eu ce problème avec la justice. Après lui, je pense que je regarde aussi Mendy du Real Madrid qui a de la vitesse, qui apporte aussi beaucoup offensivement, qui est un exemple vraiment à suivre pour nous latéraux gauches. Aujourd’hui ce poste a beaucoup évolué et nous exige une rigueur défensive et un apport important offensivement. Et sur ces aspects, ce sont des modèles que je suis absolument.
ATS : Sur le continent africain vous avez porté les couleurs de plusieurs clubs principalement au Cameroun notamment Panthère du Ndé, New Stars FC et Union de Douala. Quel souvenir retenez-vous de votre passage dans ce championnat ?
Il y a cette fameuse finale de Coupe du Cameroun contre Coton Sport de Garoua. Je pense que jusqu’aujourd’hui, ça reste le meilleur souvenir pour moi. A l’époque, Djene Dakonam (actuel capitaine des Eperviers du Togo, ndlr) était capitaine de Coton Sports. Certes on a perdu 2-0 mais c’était un jour que je ne peux pas oublier. Le public qui était vraiment présent et le stade comble. Avant ce match, je ne pensais pas jouer devant une foule pareille. L’engouement qu’il y avait fait que jusqu’aujourd’hui ça reste le meilleur souvenir que j’ai eu de mes années dans le championnat camerounais.
Dans le lot des souvenirs, je peux aussi parler de ma première convocation à l’équipe nationale. C’était en 2018, et à l’époque j’étais encore à l’Union de Douala. C’est également un moment que je ne voudrais pas oublier.
ATS : Quel conseil avez-vous, après toutes les difficultés que vous avez évoquées, à l’endroit des jeunes qui veulent réussir dans le football ?
Si j’ai un conseil à donner, premièrement c’est de travailler. Parce que rien ne se fait au hasard. Il n’y a pas de magie dans le football. Ce n’est que par le travail qu’on peut réaliser nos rêves. Il faut se fixer des objectifs et se battre pour les atteindre.
ATS : A coté des défis des matches, comment réussissez-vous à déstresser après un match, une compétition ?
Dans mon cas par exemple, la famille est toujours là. Il y a des proches avec lesquels je discute. Après des matches je préfère rester chez moi, me reposer car demain il y a encore des challenges devant. Je passe également beaucoup plus de temps au lit car pour nous sportifs, le sommeil reste très important également pour reprendre les forces.
ATS : Selon nos informations, vous êtes également un adepte de jeux vidéo, comme bon nombre de sportifs d’ailleurs. Quel plaisir trouvez-vous dans les jeux vidéo ?
C’est mon passe-temps préféré effectivement. J’adore jouer et je ne joue pas d’autres jeux en dehors du football. Pour moi, quand je ne fais rien à la maison et que je ne veux pas dormir, c’est la solution. Une belle distraction qui me garde toujours dans mon domaine, le football.
Crédit Photo : Al Shabab Club