Le Regard (par Yves de Fréau) : L’IRM botte le Togo, hors de « son » Tournoi de l’UFOA B



Deux victoires en autant de matchs, c’est le bilan des Eperviers U17. Après le Niger, Maurice Noutsoudjè et ses joueurs ont battu le Bénin sur le score de trois buts à un. L’équipe togolaise est désormais la première qualifiée pour le dernier carré de la compétition. Ces lignes sont de John Attisso de la Rédaction de votre site, écrites juste au lendemain de la deuxième sortie, encore victorieuse des Eperviers U17. Les Togolais n’auront malheureusement pas plus de 48 heures, pour se délecter de ce doux calice, tout simplement parce que le sédiment se cachait juste un peu en dessous…

Une atmosphère pesante prémonitoire

Dimanche 10 janvier 2021, l’aube dans la capitale togolaise semble lourde et capricieuse. L’atmosphère pesante, donne comme une sorte de fièvre. Même les coqs, bien que sur pieds, ont du mal à chanter leur cocorico, tout comme les oiseaux, accrochés à leurs branches habituelles de longues heures, immobiles et muets. Ça sent mauvais, le temps. Surtout, avec cette harmattan que n’admet pas cette fois, le traditionnel vent humide et froid des premiers jours de janvier.

A l’Hôtel Ghis Palace, où logent le staff technique et les Eperviers cadets, l’air sec et sans humidité qui souffle, n’entame en rien le bonheur chaud et vivant qui s’y est installé depuis le second triomphe du Togo, au Tournoi de l’UFOA B. Depuis donc, le vendredi 8 janvier de la nouvelle année, où de jeunes Ecureuils, respectueux visiteurs, ont trépassé (3-1) devant leurs propriétaires, Eperviers. L’ambiance est à une réelle détente, qui plonge les têtes et les esprits, au dessert du lendemain : une 3e sortie face au Burkina-Faso, en statut de seigneur.

Dans le nid des U17 togolais, aucune inquiétude jusque-là. Ni l’ombre d’un quelconque doute du lendemain où ils disputent une troisième rencontre, avant de passer à l’essentiel, illustration d’une demi-finale assurée. Encore moins, l’appréhension de ce rendez-vous là, soit contre le Ghana, soit contre la Côte d’Ivoire, deux pays susceptibles d’être dans le carré d’As. Mais, qui sont loin de faire peur à la bande au coach togolais Noussoudjin Maurice. Ainsi, tous les rêves, même ceux de remporter le titre de champion, sont jusque-là permis, côté togolais. Avant que ne s’installent les rumeurs.

Une correspondance fait tomber le ciel sur la tête du peuple togolais

Pendant que staff technique et joueurs, passaient tranquillement cette journée dominicale, à leur base en humectant le doux parfum marin de Baguida (zone située en bordure de mer, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Lomé), une terrible scène se tenait au secrétariat de la Fédération Togolaise de Football à Kégué. Le maitre des lieux, M. Agbodan Hervé, qui assure l’intérim, venait de réceptionner une lettre signée du Directeur Exécutif Boureima Balima de l’UFOA B. L’objet et le contenu de sa correspondance, adressée à Monsieur le Secrétaire Général de la Fédération Togolaise de Football, sont comme une foudre appelée sur tout un pays. Le ciel venait de tomber sur la tête du peuple togolais.

L’objet de la note, « Disqualification et annulation de Matchs », dit déjà tout sur le contenu. Lequel dans son détail, évoque le cadre du Tournoi U17 Lomé 2020, pour les qualifications de la CAN 2021. Plus loin, il est question d’informer l’opinion que « la Commission d’Organisation des compétitions des jeunes de la CAF a décidé lors de sa réunion du 09 janvier 2021 de disqualifier l’équipe togolaise de U17 et ce conformément à l’article 27.4 du règlement de la Coupe d’Afrique des Nations U17 Maroc 2021 qui dispose que « si après avoir effectué le test d’éligibilité d’âge (IRM) pour une équipe participante, qu’un seul (1) joueur s’est révélé non éligible, l’équipe participante sera disqualifiée ».

Puisqu’ici, il s’agit de l’équipe du Togo, la conséquence immédiate est que les Eperviers perdent leurs deux matches disputés. Un troisième est donc exclu de leur calendrier, d’autant qu’ils viennent d’être « régulièrement » invités à quitter le Tournoi. La toute première réaction de la FTF, face à cette décision, est sortie sous une forme de communiqué, signé de son Secrétaire Général, Hervé Agbodan. Et tout en précisant que, « La Fédération Togolaise de Football a reçu ce dimanche 10 janvier 2021 une correspondance de la Direction Exécutive de l’Union des Fédérations Ouest-africaines de Football (UFOA B), l’informant de la décision prise par la Commission d’organisation des compétitions U-17 de la CAF, lors de sa séance du 9 janvier 2021, de disqualifier la sélection nationale togolaise, pour tests IRM non conformes de deux de ses joueurs », poursuit en ces termes : « En attendant d’avoir la décision officielle motivée de la Commission d’organisation des compétitions U-17 de la CAF, la Fédération Togolaise de Football s’élève contre cette décision injustifiable et compte faire appel dès que possible ».

Des réactions qui n’ont pu rien changer

Dans la foulée, le ministre des Sports et des Loisirs, le Commandant Lidi Bessi-Kama sur Twitter

D’abord, un ton conciliant et maternel, et ensuite, cette note de militaire propre à la nature du titre de commandant que porte la dame : « Les investigations se poursuivent pour situer les responsabilités ». En clair, dans cette affaire se cachent donc, des coupables à débusquer ! Ce qui contraste avec les propos du Colonel Akpovy, président de la FTF, les heures qui ont suivi, ce, sur une chaine de radio (Victoire FM) bien suivie à Lomé.

« Nous sommes le pays organisateur, et ce n’est pas la première fois que nous jouons une sélection des U17. Nous savons très bien, qu’il faut faire des tests préalablement; ce que nous avons fait. Ce tournoi devait être joué au mois de décembre. Nous avons fait les tests au mois de novembre, pour que nous pussions savoir si nous sommes dans les normes (…). La CAF nous dit, avant le début de ce tournoi, ils vont envoyer un expert qui viendra contrôler le test que nous avons fait. Ce monsieur est arrivé à la veille du tournoi pour faire le test à toutes les équipes, et c’est ce qui fut fait. Finalement, on lui demande à savoir, il dit qu’il n’a pas le droit d’interpréter les résultats. Et qu’il les envoie à un panel qui se trouve au Caire, mais contre toute attente, on nous apprend que le Togo est disqualifié, parce qu’il y a deux de nos enfants qui sont en situation non conforme. C’est regrettable… ». Aucune différence en somme entre les regrets de son président et son intervention en qualité de Secrétaire Général intérimaire, le sieur Hervé Agbodan…

Il répondait, lui, aux confrères du site www.lesportif.com : « D’abord, c’est une décision surprise qui nous a été notifiée. A l’analyse, nous estimons qu’elle n’est pas justifiable. Nous allons nous battre pour que la vérité soir rétablie (…) Dans de tels cas, il faut faire appel de la décision. Nous avons assez d’éléments aujourd’hui pour penser que ce n’était la bonne décision parce qu’avant même le début de la compétition, nous avons fait les tests IRM à tous les joueurs et suivant les résultats, tous ces joueurs étaient dans les normes pour prendre part à cette compétition. Donc, quand on nous signifie qu’il y a deux de nos joueurs qui ne sont pas dans les normes, nous allons voir comment est-ce que le travail a été fait et quelle appréhension cela donne ».

Au moment où pleuvent ces différents mots et discours, la décision de la Commission d’Organisation des compétitions des jeunes de la CAF de mettre fin à la participation du Togo, fait toujours son effet, tandis que le tournoi de l’UFOA B, attend de rentrer à l’heure de ses demi-finales. Les Eperviers cadets, pour l’heure, sont toujours confinés à l’Hôtel Ghis Palace sans en vérité rien attendre. Si ce n’est de voir se terminer sans eux et loin d’eux, ce tournoi organisé par leurs dirigeants. Pour eux, comme pour les autorités sportives togolaises, la participation et l’organisation de ce tournoi, devront laisser comme un gout d’inachevé très amer mais aussi une leçon de vie. Rien n’est jamais acquis. Ni sûr dans l’existence humaine.

 

 

 

 

 

 


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