Foot Interview Zebib Bassam, entraineur professionnel : « J’ai une grande estime pour l’Afrique, son football et ses populations »



Fort de ses plus de 25 années d’expérience d’entraineur de football de haut niveau, l’ancien Directeur Technique National du Liban (2003 et 2004), Zebib Bassam, entraineur au Togo, sous l’autorité technique du club Gbohloé-su d’Aného, en 2019, et bien avant, d’Agaza Omnisport de Lomé, entre 2005 et 2006, a accepté d’ouvrir son cœur à Africa Top Sports. Sur pratiquement, beaucoup de sujets le concernant. De ses aspirations tactiques, en passant par son amour du continent africain, ses pays qu’il a connus et aimés, et pour terminer sur le Ballon d’or 2021…

 

Africa Top Sports : Bonjour Zebib Bassam. Un vrai plaisir, une nouvelle fois, de partager avec toi…

Zebib Bassam : Ce plaisir est partagé, évidemment. Tu sais combien de fois, j’adore ton pays, le Togo.

ATS : Que tu as connu, en 2005, avec Agaza Omnisport. Plus de 15 années se sont écoulées, ensuite, un second club du pays que tu as dirigé, Gbohloé-su FC d’Aného, il y a deux ans seulement…Zebib Bassam…

ZB : Parlant justement du club d’Aného et de son président, Maitre Aquereburu, c’est vrai qu’on n’a pas pu continuer le travail, avec son club, c’est un président que j’admire beaucoup, parce qu’il a de grands projets et essaye pour le mieux possible, de faire de sa formation, une très grande. Autour de lui, les autres dirigeants, sont des gens très bien, très gentils, qui aiment sympathiser. Parlant d’Agaza Omnisport, ses supporters, sont restés dans ma tête, l’image du Togolais et de ce public que j’aime beaucoup. Des supporters formidables…

ATS : A part le Togo, et donc l’Afrique, tu as connu d’autres pays africains.

ZB : Comme je te l’avais dit, j’ai entrainé plusieurs équipes africaines, comme au Togo évidemment où j’ai gagné un trophée. En Guinée aussi, où je suis passé et entrainé plusieurs clubs, et gagné des trophées, tout comme au Burundi où j’ai remporté un trophée. Et quand vous gagnez chaque fois, où vous passez dans un pays, les gens commencent à vous connaitre, c’est une bonne chose. D’autant que j’aime le football, j’aime le football africain, et j’aime cette technique naturelle des joueurs africains déjà bien physiquement. L’Afrique possède bien de talents, comme les Drogba, les Eto’o, les Mbapé…

ATS : Comment peut-on se définir comme un bon entraineur, Zebib ?

ZB : Tout en restant modeste et humble, je me permet de le dire haut et fort, excusez-moi : je peux entrainer n’importe quelle équipe, dans le monde entier, quel que soit le club ou même l’équipe nationale, je peux l’entrainer, une fois qu’on me donne ma chance. Je n’ai rien à envier à tous ces grands entraineurs, comme on le dit. Je peux faire aussi bien qu’eux et comme eux. Qu’on me donne ma chance, et je la prends. On n’a pas besoin de prendre une équipe, par exemple, comme le PSG ou le FC Barcelone ni le Real, qui ont déjà de grands joueurs, à qui enseigner le football. Il faudrait juste les coacher, les préparer mentalement, physiquement et tactiquement. Vous ne serez pas cet entraineur et vous allez prétendre dire à un joueur comme Ronaldo, Messi, ou à Benzema, comment il devra se comporter sur un terrain.

ATS : En Afrique, tu as exercé et démontré à ton passage, au Togo et en Guinée, une manière de coacher que beaucoup de ces clubs, se bousculent pour que tu reviennes. Tes particularités tournent autour de quoi, en somme ?

ZB : Moi je suis le genre de coach, qui aime se baser sur le collectif. C’est-à-dire, je travaille des systèmes où vraiment, on quitte la défense, passe au milieu pour aller à l’attaque, en construisant un jeu qui permet à mon équipe d’arriver à l’attaque et tenter de marquer. Tout se fait collectivement, sans compter sur forcément une individualité, pour prétendre gagner un match. Dans cette histoire, il suffit souvent que ces fortes individualités, soient un jour, fatiguées ou aient quelque souci de blessures ou quoi, vous perdez. Un coach doit avoir ce souci de faire progresser son équipe et ses joueurs. C’est un peu ça ma philosophie.

 ATS : Comment reconnait-on un bon technicien, un coach compétent  véritablement ?

ZB : Vous savez ? La première chose, c’est que dans les pays d’Europe ou dans beaucoup de pays occidentaux, il y a tellement d’injustice et autant le dire, pour ce domaine précis. Vous pouvez être un coach compétent, un entraineur, qui fait du bon travail, un peu partout, mais, dans ces pays, dont je parle, c’est une affaire toujours d’argent. Et ça parle toujours d’affaire de sous, de publicité, ce qui implique qu’on préfère opter pour les anciens joueurs comme entraineurs. Des joueurs qui ont fait un bon parcours international et donc, un passé glorieux, et qui se retrouvent à la tête des clubs ou équipes nationales. Certains réussissent, d’autres échouent, et ce fut le cas de Maradona. Il a été l’un des meilleurs joueurs au monde, mais quand il avait essayé d’être entraineur, il avait échoué. Bien d’autres anciens joueurs, ont essayé, ils ont échoué lamentablement. Ceci dit, être un entraineur de football, ce n’est nullement, avoir été un meilleur joueur au monde ou un grand joueur.

ATS : Deux ans déjà que tu n’es pas revenu en Afrique, pour des raisons liées à la pandémie, on sait, pourtant que le projet sportif existe non ?

ZB : Si je n’étais pas revenu en Afrique depuis, c’est bien à cause du Covid comme tu le dis. J’allais revenir en Afrique, précisément, au Bénin et je pense y retourner en janvier ou février prochain. Avec un peu de chance, on va me revoir là-bas, et ce sera mon grand retour en Afrique, et pour aller très loin. C’est vrai qu’il y a beaucoup de pays, qui me sollicitent. Et actuellement, j’ai plusieurs offres. Donc, au Burkina Faso, au Mali, au Togo, au Cameroun, au Bénin et d’autres pays africains. J’essaie de réfléchir, pour pouvoir prendre la bonne décision, étant donné que je ne vais pas m’engager, pour m’engager comme ça a été le cas jusque-là. Parce que je suis un peu ambitieux, j’ai envie de gagner une Coupe africaine, je pense, dans trois ou les quatre années qui viennent. Je ne veux plus perdre le temps, je veux avancer, et trouver un président sérieux, qui a envie de construire des choses bien, de m’appeler, coach Zebib, viens, on va travailler ensemble, sur trois ou quatre ans et commencer d’abord par une académie ou une école de football, qui pourra assurer le futur, la relève… A partir de ça, on peut construire un grand club. Sûr et certain !

ATS : Parlant toujours du continent africain, tu penses que l’un de ses 5 représentants, pourrait-il arriver à conquérir la Coupe du monde, dans un court moment ou dans plusieurs années ?

ZB : Je sens qu’une équipe africaine, au mondial prochain, peut atteindre au moins, les demi-finales… Je le sens, et quelque chose me dit que c’est possible, et là, il faut simplement que ces pays se préparent bien. Regardez tous ces bons éléments africains, qui jouent ailleurs et en Europe, et qui sont en équipes nationales, que ce soit le Sénégal,  l’Algérie, le Mali, le Ghana…bref, cette majorité de joueurs de première division en Europe, il suffit de les faire venir travailler tout en les mettant dans de bonnes conditions, qu’ils fassent un bon stage, faire une bonne préparation, et faire de bons matchs amicaux, contre de grandes formations, des adversaires de très haut niveau, afin de corriger certaines choses, sur un plan global, pouvant faire d’elles, des sélections puissantes et bien aguerries. Ce serait, selon moi, inutile pour toute équipe africaine qualifiée pour la Coupe du monde, de se préparer contre des adversaires, susceptibles de prendre des scores largement avantageux pour elle.

ATS : Tes avis, sur les 10 qualifiés, pour ces barrages ?

ZB : En ce moment, c’est vrai que, l’équipe nationale d’Algérie est bien forte, tenant bien la route depuis un certain temps. Il y a aussi, le Ghana, qui se réveille, en me disant que les Black Stars continueraient à faire mieux. Le Cameroun un peu, le Mali aussi et qui semble pousser loin, à travers son équipe nationale. Je pense à l’Egypte, au Sénégal notamment tous ces représentants africains, au niveau des barrages, censées les qualifier pour le Qatar, ont déjà de fortes potentialités. Surtout, pour l’Algérie, dont le fils, Djamel Belmadi, est bien à la conduite des Fennecs, et aussi le Sénégalais, Alou Cissé, qui tient parfaitement. Je pense aussi sur ce coup qu’il faut faire confiance aux sélectionneurs africains, fils du pays.

ATS : Un mot sur le Ballon d’Or 2021, un certain Lionel Messi pour son 7e. Ta réaction, en tant que technicien…

ZB : Je ne voudrais nullement encourager les polémiques suscitées à la suite du 7e Ballon d’Or de l’Argentin Messi. En toute franchise, j’aurais préféré que ce soit Robert Lewandowski, ou même Karim Benzema, pour leurs fabuleuses deux dernières saisons. Même, ce qu’ils font cette saison ! Mais si le choix est porté sur Messi, qui est aussi un très grand joueur, on le met à l’appréciation de tous ceux qui ont voté pour lui. Les critiques après, ne sont pas toujours bien vues. Les journalistes sont les meilleures personnes, à critiquer ces genres de chose.

ATS : Peux-tu nous citer quelques pays en Afrique, qui t’ont vraiment fasciné ?

ZB : Franchement, ce sont les pays de l’Afrique de l’ouest. Ces pays comme le Togo, un très bon pays que j’admire énormément. Mon rêve aurait été de donner un grand trophée à ce pays, tout comme le Bénin, que j’aime beaucoup aussi. Il y a la Côte d’Ivoire, un pays où j’ai vécu pendant des années, et où j’ai grandi, sans citer le Niger. Dans tous ces pays merveilleux, j’ai beaucoup aimés. Je les  porte dans mon cœur  et ils me fascinent tellement.

ATS : Quelle idée, tu as des anciens joueurs, qui veulent devenir président de fédération nationale de foot ?

ZB : En ce moment, je sais qu’il y a Samuel Eto’o, qui se présente au Cameroun, il y a Drogba, qui se présente en Côte d’Ivoire… Je pense que ces grands joueurs, qui sont bien connus dans le football et ont de grands moyens financiers, en plus de beaucoup d’expériences de la vie internationale, doivent être bien dans leurs sujets. Ils ont beaucoup de relations, beaucoup d’idées et peuvent aider et faire avancer le football de leurs pays. Une bonne chose pour eux et pour ces anciens footballeurs, qui devront penser comme eux, dans le futur.

ATS : On va boucler cette interview sur une note de bilan suivie de la projection sur ton projet immédiat.

ZB : Face à la première question, je peux concrètement comptabiliser un bilan de 429 matchs officiels, pour 408 victoires, contre 13 résultats nuls et 8 défaites, sur les 13 dernières années, dans toutes les équipes de première division que j’ai entrainées. Je pense à l’avenir avoir un bilan meilleur que ces précédents résultats. Mon prochain projet comme cité plus haut, c’est de revenir au Bénin, à la tête d’un club de football.

 

Rédaction ATS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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